avril

  • Veillée d’avril

    Et pourquoi pas un peu de poésie confinée, histoire de ne pas trop se laisser envahir par l’inquiétude ?

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    Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
    Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
    Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
    Je tords mon cœur pour qu’il s’égoutte en rimes d’or.

    Et voilà qu’à songer me revient un accord,
    Un air bête d’antan, et sans bruit tu te lèves
    Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
    Où j’étais simple et pur, et doux, croyant encor.

    Et j’ai posé ma plume. Et je fouille ma vie
    D’innocence et d’amour pour jamais défleurie,
    Et je reste longtemps, sur ma page accoudé,

    Perdu dans le pourquoi des choses de la terre,
    Écoutant vaguement dans la nuit solitaire
    Le roulement impur d’un vieux fiacre attardé.

    Jules Laforgue (1860-1887)

     

    Clotilde T.

  • Avril

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    Champs de coquelicots, Claude Monet, 1881

     

    En ce premier jour du mois d'avril, je vous propose un poème de Gérard de Nerval

     

    AVRIL

    Déjà les beaux jours, la poussière,
    Un ciel d’azur et de lumière,
    Les murs enflammés, les longs soirs ;
    Et rien de vert : à peine encore
    Un reflet rougeâtre décore
    Les grands arbres aux rameaux noirs !

    Ce beau temps me pèse et m’ennuie,
    Ce n’est qu’après des jours de pluie

    Que doit surgir, en un tableau,
    Le printemps verdissant et rose ;
    Comme une nymphe fraîche éclose,
    Qui, souriante, sort de l’eau.

    Gérard de Nerval (1808-1855)

     

    Clotilde T.