poésie

  • Veillée d’avril

    Et pourquoi pas un peu de poésie confinée, histoire de ne pas trop se laisser envahir par l’inquiétude ?

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    Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
    Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
    Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
    Je tords mon cœur pour qu’il s’égoutte en rimes d’or.

    Et voilà qu’à songer me revient un accord,
    Un air bête d’antan, et sans bruit tu te lèves
    Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
    Où j’étais simple et pur, et doux, croyant encor.

    Et j’ai posé ma plume. Et je fouille ma vie
    D’innocence et d’amour pour jamais défleurie,
    Et je reste longtemps, sur ma page accoudé,

    Perdu dans le pourquoi des choses de la terre,
    Écoutant vaguement dans la nuit solitaire
    Le roulement impur d’un vieux fiacre attardé.

    Jules Laforgue (1860-1887)

     

    Clotilde T.